samedi 1 janvier 2005

Le roi qui n'avait pas d'oreille

Spectacle jeune public créé à Chenôve en décembre 2004

Texte et scénographie Anouch Paré - Mise en scène Sylvain Savard assisté de Aurélie Rochman - Costumes et perruques Anne Bothuon assistée de Céline Joly - Musique originale Benoît Urbain - Cartons perforés pour orgue de Barbarie Odin 42 Pierre Charial - Régie son et lumières Nkoko Yenga - Avec Cécile Leterme, Sylvain Savard et Gatlato, à l’orgue de Barbarie



Être soi-même malgré tout
L’inspiration, l’imaginaire, le beau hasard des rencontres et les appels au plaisir sont parfois réunis pour une création. Ce conte musical qui s’adresse à des oreilles d’adultes, mais aussi à un jeune public à partir de 7 ans, en est un exemple. Anouch Paré avait déjà signé deux mises en scènes pour BAFDUSKA Théâtre. Elle possédait dans les tiroirs de sa mémoire, cette histoire inspirée par la légende du roi Midas. Du faste des ors, il ne reste que quelques vestiges ; des oreilles d’âne, point ! Un roi qui a hérité de la malédiction de sa lignée a le choix. Il peut soit l'accepter et tyranniser son peuple en le tenant pour responsable, ou bien, il peut choisir de rompre avec la tradition (qui en quelque sorte l’éloigne de lui-même) et s’exposer à son peuple tel qu’il est vraiment. C’est ce qui m’a touché dans le projet de Anouch Paré : le choix d’être soi-même à la face du monde. Affronter ses peurs, surmonter la honte, s’emmêler parfois dans de petits mensonges… pour enfin retrouver de la dignité, de l’amitié et parfois même de l’amour, enfin, tout ce qui nous distingue des autres.
Sylvain Savard

Extrait du texte de Anouch Paré
La reine-barbière : On a le choix, quoiqu’il en soit : qu’on soit barbier, soldat ou roi. Le choix de notre roi Midas, avant même le début de notre histoire, fut calamiteux ! Mais personne ne savait pourquoi il abusait de son pouvoir et punissait même les oiseaux sitôt qu’ils se mettaient à chanter. Quand son vieux coupe-tifs est mort, c’est moi qui ai répondu à la petite annonce : « Roi recherche barbier-coiffeur, talentueux, discret et efficace ». Sauf que, étant du genre féminin… Au début, le roi, n’était pas trop convaincu par mon talent. Puis, il s’est peu à peu familiarisé à ma voix. Il faut dire que j’ai un bon coup de ciseaux et que ses cheveux, ils en avaient salement besoin. Et vous savez comment c’est, avec les coiffeurs, on cause, on cause, on se confie. C’est là précisément que le problème épileux s’est posé à moi : il m’a confié SON secret… et ma tête à couper si je le trahissais ! Mais que faire du gros, du lourd, de l’envahissant secret d’un roi ? Un secret ça se garde. Mais s’il devient trop gros à garder, s’il tape tout le jour aux coins du crâne, ça bourdonne, ça endolorit, ça manque d’exploser. J’avais la caboche en charpie à force de le tenir prisonnier, ce secret. Tout à coup, je détenais un secret de première importance! Il me fallait trouver une solution, question de vie ou de mort : garder le secret mais ailleurs que dans ma tête qui n’avait plus de place pour penser à autre chose (...)

Photos Laurent Jullien (Représentation à Boëge, en 2005)